Prévention et réduction des risques pour les personnes se prostituant - Rouen

Objectifs
Objectif général : améliorer l’accès à la santé et aux droits des personnes proposant des services sexuels tarifés dans l’agglomération rouennaise_ - Renforcer les capacités des usagers en matière de santé_ - Favoriser l’intégration de la santé communautaire dans les actions proposées_ - Développer un réseau d’acteurs concernés par l’accès à la santé et aux droits avec les usagers pour une prise en charge adaptée_ - Prendre en considération les facteurs influents sur la santé globale des usagers

Le porteur du projet

Coordonnées de la structure :

Médecins du Monde Normandie

5 rue d’Elbeuf

Rouen 76100

Type de la structure :
association

Coordonnées du contact

Cartier Christian

Qualité : Délégué Régional

Téléphone professionnel : 0235725666

Courriel : normandie@medecinsdumonde.net

Fax :

Le contexte

L’origine
A la fin des années 90, l’intervention d’une équipe de bénévoles MdM la nuit dans les quartiers des Hauts de Rouen, nous ont permis :

  • De prendre connaissance de l’existence d’une activité prostitutionnelle de jeunes filles dans l’agglomération rouennaise mais aussi d’une prostitution masculine et transgenre sur les grands boulevards de la ville et les squares
  • D’identifier des problèmes collectifs de santé rencontrés par les prostitué(e)s travaillant dans la rue, tels que : prévalence d’IST, infections VIH et hépatites, grossesses non désirées, problèmes gynécologiques, problèmes de violences, sentiment de discrimination…
  • De prendre en compte les problèmes ressentis par les prostituées et les besoins qu’elles exprimaient : accès aux soins (dépistage, examen, traitements post-exposition) et aux droits (couverture maladie/sécurité sociale, logement, titre de séjour…)

La finalité
Objectif général : Améliorer l’accès aux soins et aux droits des personnes se prostituant, dans une démarche de réduction des risques et de santé communautaire

Usagers cibles : personnes proposant des services sexuels tarifés (ppsst)

Les résultats attendus sont :

  • Les PPSST ont davantage conscience des risques sanitaires encourus au cours de leurs pratiques et activités.
  • Les PPSST ouvrent leurs droits à l’Aide Médicale d’Etat ou à la Couverture Maladie Universelle afin d’avoir un accès aux soins facilité et plus régulier ainsi que la possibilité d’être suivies par un médecin traitant.
  • Les PPSST ont davantage recours aux moyens de contraceptions.
  • Les PPSST ont davantage recours aux dépistages.
  • Les PPSST obtienne davantage de droits au logement et aux prestations sociales.
  • Les PPSST ont renforcé leurs capacités d’agir sur leur santé et sur leurs droits.

La description du dispositif
C’est un dispositif qui se compose de deux types d’actions, une la nuit et une en journée.

  • Des maraudes de nuit pour mener une action de prévention et de réduction des risques en allant vers les personnes.
    Tous les vendredi soirs, une équipe pluridisciplinaire composée notamment de soignants, d’interprètes et de travailleurs sociaux, se déplace dans Rouen pour intervenir auprès des prostituées. Le camion de MdM est équipé et médicalisé. _ Des entretiens collectifs de prévention sont menés, parfois complétés par des entretiens individuels, voire des consultations médicales en cas de nécessité.
  • Une permanence de jour, les lundis après-midi, où les personnes viennent vers MdM.
    MdM intervient alors comme facilitateur pour mener un travail plus approfondi de prévention et d’accompagnement vers les structures de soins et favoriser l’accès aux droits des personnes. Cette permanence doit aussi permettre de renforcer la capacité d’agir sur la santé globale des personnes rencontrées.

Les acteurs
MdM est à l’initiative de ce projet, grâce notamment au soutien financier de l’ARS.
Entre 2014 et 2015 un important travail de renforcement du partenariat et de construction du réseau en lien avec le programme a été entrepris.
Plusieurs acteurs ont été rencontrés et sensibilisés aux enjeux d’accès aux soins et aux droits des personnes se prostituant : Permanence d’accès aux soins de santé (PASS), Planning familial, Centre de dépistage anonyme et gratuit (CDAG), CIMADE, Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI), Centre d’informations sur les droits des femmes et familles (CIDFF), CHU, Centre d’accueil spécialisé pour les agressions (CASA), AIDES, CARUUD La Boutik (La Boussole), Comité d’accueil et de Promotion Sociale (CAPS), CCAS, Mairie de Rouen, Préfecture, Sûreté Départementale/Brigade des Mœurs.
Depuis 2014, nous avons le soutien d’une travailleuse paire pour partager ses conseils et son expertise avec les équipes et appuyer le plaidoyer auprès des partenaires.

Les axes prioritaires :

renforcer et préserver l’accès à la santé – y compris à la prévention – pour tous, notamment par une information adaptée aux personnes vulnérables (mineures, majeures protégées, en perte d’autonomie, souffrant de troubles psychiques, intellectuellement déficientes…), étrangères, placées sous main de justice… ;

sensibiliser les professionnels de santé au moyen d’actions de formation aux droits des usagers ;

favoriser la médiation en santé dans les structures de soins, médico-sociales et à domicile en mobilisant, entre autre, les médiateurs tels que les médiateurs médicaux, les médiateurs non-médicaux, les personnes qualifiées … ;

accompagner les évolutions du système de santé dans le respect des droits des usagers (e-santé, télémédecine, maisons et centres de santé, soins de santé transfrontaliers…).

La réalisation

La mise en oeuvre
Difficultés :
La législation actuelle (ex : délit de racolage) et la proposition de loi en cours visant à lutter contre le système prostitutionnel marginalise davantage les prostituées, détériorant la confiance envers les institutions et rendant difficile l’accès à la santé et aux droits ; La mobilité des usagers ; L’apparente absence de solidarité entre les communautés.

Éléments facilitateurs :

Les liens de confiance avec MdM qui facilite le dialogue avec les usagers ; L’intérêt porté par les partenaires sur la thématique de la prostitution ; L’expertise médicale et connaissance des dispositifs de droit commun des bénévoles MdM ; La volonté exprimée des usagers à travailler avec MdM.

Implication :

Implication usagers : via des questionnaires et propositions de participation dans le programme de par leur connaissance du terrain. Implication des partenaires : lors des réunions de travail, des événements de sensibilisation et des accompagnements/orientations.

Le calendrier

Projet initié en :
01. avant 2010

Projet mis en œuvre en :
01. avant 2010

Comment et combien ?
Moyen matériels :

  • camion aménagé. Achat d’un camion neuf en 2010.
  • moyens de contraceptions ; matériel de prévention et de démonstration
  • médicaments.

Moyens humains :

  • Equipe de 15 bénévoles actifs : dont une responsable de mission chargée de la coordination.
  • Pour la coordination de cette équipe de bénévoles, du temps salarié affecté (secrétaire et coordinatrice) est nécessaire. Recrutement en juin 2014 d’une coordinatrice régionale.
  • octobre 2014, recrutement d’une stagiaire DEJEPS sur 14 mois pour la conception et la mise en œuvre de l’accueil de jour.
    Ce programme est principalement financé sur les fonds propres de MdM. Le soutien de l’ARS nous permet notamment de financer les coûts matériels. Toutefois, au vue des évolutions du projet, le financement d’un temps plein ou partiel salarié semble nécessaire.
    Outre l’ARS, nous avons reçu le soutien de la Ville de Rouen et de la Préfecture (délégation aux droits des femmes et de l’égalité).

La communication
Le projet a été valorisé lors de présentations institutionnelles, de campagne de sensibilisation auprès de la société civile et auprès d’élus locaux.
Il a fait l’objet de plusieurs formes de communication : communiqués et articles de presse, interviews, recueil de témoignages sur le terrain, rencontre-débat et pièce de théâtre en partenariat avec le Centre Dramatique National de Haute-Normandie (mars 2015), manifestations et événements extérieurs, invitation au JT de médias locaux (FR3) en mars 2015 etc.
Nous réfléchissons actuellement à un partenariat en 2016 avec le Pôle Image et/ou avec le Festival Chants d’elles afin de permettre une expression photographique, audiovisuelle des personnes se prostituant.

Et après

Les résultats
Plus value réelle auprès des usagers au vue des hausses de recours aux moyens de contraception, aux dépistages, aux TPE etc et une meilleure prise en charge globale de la santé des PPSST.
La plus value est aussi dans les liens de confiance qui se sont crées entre les prostituées et l’équipe de MdM ce qui permet de libérer la parole et l’expression des besoins ressentis.
La mission prostitution de MdM a comme perspective de transposition/modélisation la création d’une association d’auto-support où les prostituées elles-mêmes pourraient mener ces actions de prévention et d’accès aux aux droits. C’est déjà le cas à Paris (avec la création de l’association des Roses d’acier) et à Nantes où des associations « sœurs de MdM » se sont crées, gérées par et pour des prostituées.
Nous envisageons une co-construction voire co-gestion du projet alliant partenaires et usagers.

Évaluation et suivi
Entre décembre 2010 et février 2011, il y a eu une auto-évaluation réalisée par MdM à Rouen.
Moyen et Méthode :
Démarche participative avec implication de l’équipe bénévole et soutien méthodologique du siège : mise en place d’une grille d’évaluation basé sur 8 critères : Identité de la mission, Dynamique associative, Sens de l’action, Qualité des pratiques, Pertinence de l’action, Cohérence de la stratégie d’intervention, Efficacité et utilité de l’action, Perspectives.
Points forts :
Les principaux résultats de l’action depuis sa création : réduction de l’isolement et de la précarité du public, meilleure connaissance des dispositifs de droit commun (dépistage, procédures, prises de risques), démystification de l’image des prostituées, liens de confiance, plaidoyer contre un arrêté municipale visant à interdire la prostitution dans certains quartiers.
Points faibles : accompagnements, dépistage sur le camion = assistanat, manque de partenariat.
D’où le besoin d’un accueil de jour.

Quelques conseils et témoignages
Les conseils :

  • Le non-jugement et l’approche « réduction des risques » qui sous-tend tout ce programme c’est-à-dire accompagner la personne dans sa pratique, partir de son vécu, de sa réalité, respecter son choix et travailler avec elle sur les questions de santé en fonction de ses besoins et préoccupations afin de lui redonner de l’autonomie.
  • Mise en place d’outils adaptés : documentation et vidéos traduites dans la langue des usagers pour que les informations soient bien comprises (comprendre les expositions aux risques), et faciliter ainsi l’accès aux structures de soins ou aux traitements tels que le TPE.
  • Prise en compte de travailleurs paires dès la conception du projet.
  • Recours à des interprètes.
    Autres :
  • Un public très vulnérable et méconnu des réseaux associatifs et médico-sociaux.
  • Un projet ancré dans un contexte de violences et de législation répressive (pénalisation, délits de racolage) rendant difficile la participation des usagers pourtant indispensable.